Transport et logistique : l’Union TLF dévoile son 1er baromètre semestriel
L’union des entreprises Transport et Logistique de France (TLF) vient de publier son premier baromètre semestriel. Celui-ci dresse une analyse conjoncturelle des données publiques les plus récentes, issues principalement du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et de l’Insee. Il en ressort un bilan mitigé sur le premier semestre 2023 pour les acteurs français du transport de fret et de la logistique. Dans un contexte international mouvementé, le secteur est impacté par le ralentissement de la production intérieure et le recul de la consommation dans l’hexagone.
- Transport et logistique : l’incertitude plane sur l’économie mondiale
- Quelles perspectives 2023 pour l’économie française ?
- Quelles conséquences sur la performance des transports intérieurs en France ?
- Quel bilan pour les transports aériens et maritimes « overseas » ?
- À propos du baromètre des Transports de fret et de la Logistique ?
Transport et logistique : l’incertitude plane sur l’économie mondiale
L’économie mondiale en difficulté
L’économie mondiale a subi un ralentissement majeur en 2022, principalement dû à la guerre en Ukraine, à l’inflation, à la politique monétaire stricte et à la politique chinoise « zéro-Covid ». La croissance de la production économique mondiale a été de seulement 3,4 %, due principalement à la performance du premier trimestre. Les prévisions pour 2023 ne sont guère plus prometteuses, avec le FMI prévoyant une croissance du PIB mondial de seulement 2,8 %, ce qui représenterait la plus faible performance des 20 dernières années, exception faite de la crise financière de 2008 et de la pandémie de 2020.
Un commerce mondial qui s’essouffle
Malgré la résilience dont ont fait preuve les échanges mondiaux de marchandises en 2022, des signes d’essoufflement sont apparus fin 2022 et début 2023. L’OMC prévoit une croissance de ces échanges de seulement 1,7 % en 2023, contre 2,7 % en 2022. Cette faible prévision inclut déjà un assouplissement des contrôles sanitaires en Chine. De nombreux secteurs, tels que le transport aérien, le transport de conteneurs, les composants électroniques et les matières premières agricoles, connaissent un recul. Seul le commerce automobile est en hausse.
Vers une reprise graduelle ?
Cependant, il semble que le ralentissement de l’économie mondiale soit moins marqué que prévu. L’activité économique en Chine a fortement rebondi depuis la levée des restrictions sanitaires fin 2022, et les perturbations des chaînes d’approvisionnement commencent à s’atténuer. Les banques centrales majeures ont annoncé un assouplissement de leurs politiques monétaires pour ne pas trop pénaliser l’investissement et l’activité des entreprises. L’emploi résiste en Amérique et en Europe, et une reprise progressive est observée dans de nombreux pays émergents et en développement. L’atonie de l’activité se concentre principalement dans les économies avancées, en particulier en Europe.
Quelles perspectives 2023 pour l’économie française ?
Une économie française pénalisée par l’inflation
L’activité économique française a connu une légère reprise au 1er trimestre 2023 (+0,2%), après avoir stagné au 4e trimestre 2022. La consommation des ménages a baissé face à l’inflation, tandis que les administrations et les entreprises ont maintenu un léger niveau d’investissement. Le recul global de la consommation a entraîné une baisse des importations, ce qui a eu un impact positif sur la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB. Parallèlement, les stocks ont diminué au premier trimestre 2023, après cinq trimestres consécutifs d’augmentation.
Création d’emplois et faible taux de chômage
Malgré ce ralentissement, le secteur privé a continué à créer des emplois au premier trimestre 2023, avec 42 000 créations nettes, marquant le neuvième trimestre consécutif de croissance de l’emploi. Par conséquent, le taux de chômage est à son plus bas niveau, à seulement 7,1 % de la population active. Ce niveau n’avait pas été atteint depuis 2008, avant la crise financière, et dans les années 80.
Perspectives économiques et difficultés industrielles
Le climat des affaires reste globalement positif en France, malgré une consommation des ménages en baisse en mars 2023. Selon les prévisions de la Banque de France, le PIB français devrait augmenter de seulement 0,6 % en 2023. L’industrie manufacturière française peine à se remettre à niveau après la pandémie, avec une hausse de seulement 1,7 % en 2022 et une augmentation de 0,5 % sur un an au 1er trimestre 2023. Les pénuries de composants et les coûts énergétiques ont pesé sur l’activité industrielle, certains acteurs industriels ayant même dû suspendre temporairement leur production pendant l’hiver 2022.
Quelles conséquences sur la performance des transports intérieurs en France ?
Transports routier (fret)
L’activité des Transports Routiers de Marchandises (TRM) en France a enregistré une hausse de 5% en 2022, mais s’est essoufflée au début de 2023, affichant une baisse au premier trimestre. Cela est attribué à un climat des affaires défavorable, marqué par une dégradation au cours du premier semestre 2023, en particulier en mai. Les transporteurs ont également été confrontés à des marges réduites en raison de la pression concurrentielle et de l’incapacité de répercuter pleinement la hausse des coûts énergétiques sur les prix du TRM. Le chiffre d’affaires a tout de même progressé de 11% en 2022 grâce à l’augmentation des prix du gazole.
Dans le détail, la demande pour les prochains mois est prévue à la baisse, avec une activité en contraction prévue au premier trimestre 2023. Cependant, la performance du TRM a été stimulée par une hausse de l’activité intérieure à la fin de 2022. Les dirigeants anticipent également une stabilisation des prix au cours des prochains mois. Les difficultés de recrutement, aussi bien pour les conducteurs que pour le personnel non roulant, continuent de poser problème. Si elle perdure, cette tension du marché de l’emploi risque de pénaliser à terme les acteurs du transport routier, lorsque l’activité reprendra son envol.
Transports ferroviaires
Après une reprise en 2021, le transport ferroviaire de marchandises a continué à croître au premier semestre 2022, mais a connu une baisse d’activité au second semestre. Malgré un début d’année prometteur, l‘activité a chuté de 7,6% au quatrième trimestre avec seulement 8,3 milliards de tonnes-kilomètres corrigées des variations saisonnières. Sur l’ensemble de l’année, la diminution n’était que de 0,6%. De manière plus spécifique, l’activité nationale a reculé de 3,2% tandis que l’activité internationale a augmenté de 3,4%.
En ce qui concerne les tarifs, les frais de fret ferroviaire français ont augmenté de 1,5% sur un an au quatrième trimestre 2022. Cette augmentation est principalement due à l’augmentation des coûts des prestations nationales (+5%). Les coûts des prestations internationales, en revanche, ont baissé (-1,7%). Le chiffre d’affaires des entreprises de fret ferroviaire est resté stable en 2022 malgré une légère baisse de 0,3%. La hausse des prix n’a pas compensé la baisse des volumes pour permettre une progression du chiffre d’affaires.
Transports fluviaux
Le transport fluvial de marchandises a connu une forte baisse des volumes, affichant une diminution de 9% sur un an au quatrième trimestre 2022. Selon les données du SDES, les tonnes-kilomètres fluviales ont diminué de 9% en 2022, avec un déclin particulièrement prononcé au quatrième trimestre de 21% sur un an. Ce volume, à 1,5 milliard de tonnes-kilomètres, est l’un des plus bas enregistrés depuis plus de 20 ans. En particulier, les transports fluviaux intérieurs de minerais, de tourbe et d’autres produits d’extraction ont affiché une chute de 31% entre le quatrième trimestre 2021 et le même trimestre de 2022.
En ce qui concerne les prix, ceux du fret fluvial ont atteint un sommet au deuxième et troisième trimestres 2022, augmentant de 17% sur un an. Cependant, ils ont commencé à baisser vers la fin de l’année, en parallèle avec la diminution des prix de l’énergie. Au quatrième trimestre, ils ont diminué de 6% par rapport au trimestre précédent, mais restent en hausse de 6% sur un an.
Activité des entrepôts : stockage et entreposage
En 2022, l’activité logistique a enregistré une croissance de 3,9%, bien que ce rythme ait ralenti vers la fin de l’année, avec un quatrième trimestre affichant une hausse modeste de 1,8% par rapport à l’année précédente. Cette croissance a été soutenue par l‘augmentation des volumes et des prix, qui a permis une augmentation de 8% du chiffre d’affaires. Cependant, la demande dans l’immobilier logistique a montré un déclin notable de 21% au premier trimestre 2023 par rapport à l’année précédente, malgré un record d’investissements en 2022, avant l’invasion russe en Ukraine.
Dans le même temps, les prix de l’entreposage et du stockage, qui étaient stables en 2019, 2020 et au cours des trois premiers trimestres de 2021, ont commencé à augmenter. Au quatrième trimestre 2022, ils avaient augmenté de 5,4% sur un an, en raison de l’augmentation des coûts, notamment des salaires revalorisés et de l’augmentation des coûts énergétiques. Par ailleurs, la demande de location a légèrement diminué au premier trimestre 2023, malgré la forte demande, et le marché de l’investissement a connu un déclin significatif, avec une baisse de 66% sur un an au premier trimestre 2023.
Quel bilan pour les transports aériens et maritimes « overseas » ?
Fret maritime
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévoit un ralentissement de la croissance des échanges mondiaux de marchandises à seulement +1,7% en 2023, avec une légère augmentation des exportations européennes (+1,8%) et une stagnation des importations (-0,6%). Les prix des transports maritimes, qui avaient quadruplé entre fin 2020 et l’été 2022, ont commencé à diminuer au quatrième trimestre 2022, soutenant toutefois les marges des armateurs. L’offre de transports maritimes dépasse désormais la demande, et les compagnies de lignes régulières font face à une dégradation de leurs performances financières en raison d’une demande faible, de surcapacités persistantes et de prix bas. Enfin, l’indicateur de fiabilité des lignes régulières des transports maritimes mondiaux se redresse progressivement, avec plus de 60% des navires arrivant à l’heure en février 2023.
Côté français, les Grands Ports Maritimes et celui de Calais ont importé et exporté 73 millions de tonnes de marchandises au quatrième trimestre 2022, soit une baisse de 2,4% par rapport au trimestre précédent, mais une hausse de 0,9% sur un an. Toutes les filières (vracs liquides, vracs solides, conteneurs et rouliers) ont connu une baisse, cependant, l’activité de fret portuaire a augmenté de 5,1% sur l’ensemble de l’année 2022, atteignant 294 millions de tonnes, mais restant inférieure de 6% aux volumes de 2019. L’activité de conteneurisation a diminué de 5,2% par rapport au trimestre précédent, et de 4,4% sur un an. Comparativement, le port de Rotterdam a subi un recul plus prononcé en 2022.
Fin 2022, les activités des ports d’Haropa et de Calais ont affiché une tendance à la baisse, alors que les autres grands ports maritimes sont restés stables. Les grèves sociales d’octobre ont affecté le trafic d’Haropa au quatrième trimestre 2022. Par ailleurs, les délais de sortie portuaire des conteneurs importés via les ports du Havre, de Rouen et de Paris ont été allongés en raison des grèves contre la réforme des retraites. En 2021, les prix français des transports maritimes ont doublé, avant de commencer à diminuer au quatrième trimestre 2022. L’indice de connectivité de la CNUCED indique que l’intégration de la France dans les réseaux internationaux de transport maritime en ligne s’est affaiblie depuis deux ans.
Fret aérien
En 2021, le fret aérien mondial s’est redressé, compensant la baisse de 2020, mais a chuté en 2022, faisant repasser les volumes en dessous des niveaux post-Covid. Selon l’IATA, en mars 2023, les volumes étaient en baisse de 7,7% sur un an, marquant le 13e mois consécutif de déclin, bien que plus modéré qu’en janvier (-17%). Toutes les grandes régions sont touchées, y compris l’Europe (-7,8%), l’Amérique du Nord (-9,4%), l’Asie-Pacifique (-7,3%) et le Moyen-Orient (-5,5%). Avec la reprise du transport aérien de passagers, la capacité de fret a augmenté de 9,9% en mars 2023 par rapport à mars 2022, faisant baisser le taux de chargement à 46,2%. Dans ce contexte de faible demande et de capacité croissante, les prix du fret aérien resteront contenus.
Sur le périmètre France, selon les données de la DGAC, le fret aérien des aéroports incluant Paris et les 23 principaux aéroports de province a connu une baisse significative au quatrième trimestre 2022, avec une diminution de 16% par rapport au trimestre précédent et de 20% sur un an. Malgré un léger reflux, les prix du fret aérien sont restés considérablement élevés en 2022, étant 46% plus élevés qu’au quatrième trimestre 2019. Cependant, le chiffre d’affaires des transports aériens français a connu une augmentation de 47% en 2022, atteignant un pic au deuxième semestre, bien qu’il soit resté stable début 2023 par rapport à l’année précédente.
À propos du baromètre des Transports de fret et de la Logistique ?
Le Baromètre des Transports de fret et de la Logistique, publié par l’union des entreprises Transports et Logistique de France (TLF), compile les données conjoncturelles sur les secteurs des transports à partir de sources publiques telles que le Service des données et études statistiques (SDES) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Il fournit les statistiques les plus récentes disponibles, certaines avec un délai d’un mois, d’autres trois mois, et d’autres encore quatre mois. Les analyses peuvent couvrir la période allant des derniers mois (janvier-avril 2023 pour cette première édition) jusqu’au trimestre précédent (4ème trimestre 2022). Toutes les variations présentées sont corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés (CVS-CJO).
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