Qualité de l’air : comment agir en temps réel sur notre environnement immédiat ?
Longtemps cantonnée aux rejets de CO2 et aux particules fines, la pollution environnementale intègre désormais l’ensemble des nuisances sensorielles ayant un impact sur l’être humain. Mais comment détecter l’invisible ? Quel peut être l’apport de la technologie du numérique dans ce domaine ? De la numérisation des sens humains à l’avènement d’une « intelligence environnementale », en passant par différents cas d’usage, nous vous disons tout sur le développement de l’analyse temps réel de la qualité de l’environnement.
La qualité de l’air, un enjeu de santé incontournable
La qualité de l’air est au centre de l’attention du grand public et des médias depuis de nombreuses années. L’impact sur la santé des rejets industriels, des émissions de particules liées à la circulation automobile ou bien encore des nuisances sonores sont désormais avérées et documentées. Ainsi, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Environmental Protection Agency (EPA), 92% de la population vit dans des endroits qui dépassent les recommandations en matière de qualité de l’air, et on évalue à 8 millions de morts par an les victimes de la pollution, soit 12% de la morbidité mondiale.
Un air intérieur 2 à 5 fois plus pollué qu’à l’extérieur
La question de la qualité de l’air n’est pas qu’une affaire d’environnement extérieur. Comme nous passons 90% de notre vie à l’intérieur des bâtiments, nous sommes également exposés à différentes émissions polluantes issues des matériaux de construction, de la peinture ou du mobilier, du matériel bureautique, des produits ménagers ou tout simplement des rejets de CO2 occasionnés par une trop forte présence humaine dans les locaux. L’air intérieur n’étant pas isolé de l’air extérieur, l’effet « vase communicant » génère une plus forte concentration de polluants au sein des bâtiments (2 à 5 fois plus qu’à l’extérieur).
Une prise de conscience des pouvoirs publics
Pour les instances publiques, les enjeux liés à la qualité de l’air sont donc multiples. Il s’agit bien entendu de fournir aux citoyens un environnement plus sûr, plus sain et plus confortable, de réduire l’impact de l’activité humaine sur le réchauffement climatique, mais aussi de rétablir la confiance parmi la population fortement marquée par la pandémie Covid-19, par une certaine idée de la propreté de l’environnement immédiat. Le défi est de réussir à identifier en temps réel les différentes sources de nuisances ou d’insécurité (bruit, gaz, allergènes, pollution) pour agir efficacement contre elles, le plus rapidement possible.
Comment mesurer la détérioration de la qualité de l’air ?
Par définition, les sensations humaines d’inconfort ou de nuisance sont personnelles et intimes. Elles sont d’ailleurs très dépendantes de nos références culturelles. Il pourrait ainsi paraitre impossible d’objectiver de telles sensations par un système numérique. Pourtant, ces technologies existent. Des « nez » ou des « langues » électroniques permettent bien depuis de nombreuses années d’identifier des odeurs ou des saveurs.
Aujourd’hui, la société Rubix va un cran plus loin. Créée par Jean-Christophe MISFUD, cette start-up technologique cherche à reproduire dans le digital les processus humains de collecte et de traitement d’informations sensorielles, afin de délivrer une compréhension fidèle et objective de la qualité de notre environnement immédiat. L’odorat, la vision, l’ouïe et le toucher sont assurés par des micro-capteurs numériques capables d’identifier les stimulus extérieurs (odeur, bruit, son, lumière, température, humidité, vibration, pression…). La puissance de calcul du Big Data et des algorithmes propriétaires permettent ensuite de traiter l’ensemble de ces informations pour détecter d’éventuelles nuisances, identifier précisément leur source, alerter les autorités compétentes et déclencher des actions correctrices.
De multiples cas d’usage dans les entreprises
Les espaces intérieurs à forte fréquentation
Dans les aéroports, les gares, les centres commerciaux ou les grands magasins, la mesure de la qualité de l’air permet de garantir une expérience optimale des lieux, en limitant les sensations d’inconfort du personnel ou des visiteurs par exemple. Des capteurs de présence et de CO2 permettront par exemple d’adapter automatiquement le brassage d’air en fonction du niveau d’affluence. En plus de l’impact positif sur la santé des usagers, cette modulation de la GTB (Gestion Technique du Bâtiment) favorise les économies d’énergie et l’espacement des maintenances techniques.
Les sites industriels sensibles
Aux abords des industries, les micro-capteurs numériques sont désormais capables de capter des émissions de gaz, de pulvérulent ou d’odeurs, de les analyser en temps réel et de prendre les mesures de protection qui s’imposent. L’intelligence de ces « nez électroniques » est telle que les systèmes sont à même d’identifier la cause précise de la nuisance détectée : la soute restée ouverte d’un pétrolier en provenance de tel pays, des moteurs restés trop longtemps allumés, une fuite dans une cuve contenant tel ou tel produit, etc.
Les écoles et services publics
Une expérimentation a été mise en œuvre par la société Rubix dans une école de Paris. Cette expérimentation visait plusieurs objectifs : déterminer l’influence de l’air extérieur sur la qualité de l’air d’une salle de classe, mesurer les nuisances « perceptibles » ou « invisibles » auxquels étaient soumis les élèves, connaître le degré d’influence de ces nuisances sur l’état d’attention des enfants.
Sur le mois de mars, la classe a connu 5 journées de nuisances sonores extrêmes, 2 journées avec une sensation de froid importante, 1 journée d’agitation importante des enfants à cause d’un épisode de pollution élevée sur Paris et 1 journée où les élèves n’ont pas réussi à se concentrer sur leur travail, en raison de bruits importants venant de l’extérieur.
Ces relevés permettent de prendre conscience de l’impact de notre environnement immédiat sur la qualité de notre vie quotidienne et d’agir plus efficacement en adoptant les mesures appropriées.
Mesure de la qualité de l’air : quelles perspectives de développement ?
La pertinence des analyses de la qualité de l’air exige de couvrir plus finement l’ensemble des territoires surveillés. Le nombre de capteurs se développe, mais il reste encore trop limité pour créer de véritables écosystèmes intelligents. À l’échelle d’une ville, l’enjeu est de pouvoir cartographier l’ensemble des nuisances pour agir en temps réel sur les industries, les transports, le nettoyage des voies, l’aération des bâtiments publics, la désinfection d’un lieu contaminé, etc.
Une étape essentielle a déjà été franchie avec l’intelligence artificielle. À l’instar d’un être humain exercé, les systèmes actuels peuvent reconnaitre des odeurs, en déduire la cause et les actions à mener. Mais ils le font de manière plus rapide et surtout de manière plus exhaustive qu’un être humain. Dans le cas d’une odeur de brûlé, la technologie est par exemple capable d’identifier un problème de vitesse de rotation sur une machine. Peu d’humains peuvent prétendre en faire autant.
À l’avenir, il s’agira donc de multiplier les capteurs et de poursuivre l’alimentation des bases de données en « empreintes sensorielles », pour gagner encore en précision et en rapidité de traitement. En multipliant les suivis des émissions polluantes « invisibles », et demain sans doute l’analyse des émotions faciales de la population dans un lieu donné, l’ambition est de créer une symbiose complète entre les environnements devenus sensoriels et les personnes qui s’y trouvent.
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