Plan France Très Haut débit : quel bilan 10 après ?
En 2013, la France sort d’un déploiement ambitieux de l’ADSL assez complet. Toutefois, il reste encore des zones blanches. Les habitants de territoires éloignés sont privés d’usage numérique haut débit. Le gouvernement, alors sous la présidence de François Hollande, le régulateur et les opérateurs téléphoniques se saisissent du sujet pour déployer des solutions très haut débit sur l’ensemble du territoire.
L’objectif : que tous les Français soient équipés de la fibre optique d’ici 2023. Bilan !
Qu’est-ce que le Plan France très haut débit (THD) ?
Même si le réseau ADSL était efficace en France durant les années 2010, il ne permettait pour autant aux Français d’accéder au très haut débit ou du moins à un bon débit. Contrairement à l’Allemagne ou à l’Angleterre qui avaient des réseaux câblés permettant un débit de 20 à 100 mégas, le réseau ADSL français n’atteignait qu’un débit compris entre 1 et 20 mégas. Il était possible d’avoir des lignes à 4 ou 8 mégas, mais elles n’autorisaient pas d’usages simultanés ou même la télévision HD.
Le gouvernement de François Hollande s’est alors lancé dans le très haut débit et son accès à tous.
Cela a principalement consisté à déployer la fibre optique FTTH (Fiber To The Home), technologie la plus performante qui permet un débit jusqu’à cent fois plus élevé que l’ADSL. L’objectif était d’apporter le très haut débit, c’est-à-dire au moins 30 mégabits par seconde, sur la totalité du territoire. Aujourd’hui, 99% des foyers français et entreprises y sont éligibles (chiffres Les Echos, article du 11 janvier 2023) grâce au mix technologique.
Plan THD : permettre l’accès à tous au très haut débit
- Quel objectif ?
Le Plan THD devait atteindre un déploiement de la fibre optique pour 80% des Français en 2022. Car, malgré le déploiement massif de l’ADSL sur le territoire, en 2013, il restait encore de nombreuses zones blanches où le débit était très faible et ne permettait pas l’usage du numérique dans les territoires les plus éloignés.
Entre temps, l’objectif a été revu à la hausse pour atteindre la totalité des Français, ou presque, d’ici 2025.
- Quel budget ?
Côté budget, le plan THD représente un investissement de 20 milliards d’euros publics et privés et 3,3 milliards de subventions de l’État, destinés aux projets des collectivités locales dans les zones « non conventionnées » (territoires où l’État et les collectivités subventionnent les opérateurs pour déployer la fibre). Le fond de soutien à l’investissement local, initialement prévu à 1 milliard d’euros est passé, en 2017, à 1,2.
Dix ans plus tard, le chiffre total des investissements tourne aux alentours de 36 milliards : 22,8 milliards d’investissements privés et 12,9 milliards d’investissements publics. Cela en fait le plus gros chantier jamais réalisé en France.
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Plan France très haut débit : quelles solutions déployées ?
Les solutions alternatives
Afin de diminuer l’atténuation et d’améliorer les débits proposés, des solutions temporaires ont été mises en place en attendant l’arrivée de la fibre dans certaines zones du territoire. Dans ce cadre, la solution palliative ADSL/VDSL (de type NRA ZO) a été déployée. Ce type d’équipement a ainsi permis de proposer le haut débit à ceux qui n’y avaient pas accès.
A l’époque du plan, et encore aujourd’hui, l’amélioration des réseaux radios existant (WIFI rural / WIMAX) s’est beaucoup développé dans les zones rurales. Cette solution temporaire propose aux personnes d’accéder à Internet en haut débit via les ondes radio. L’utilisateur doit installer une antenne sur son toit qui pointe vers une antenne située sur un point culminant. Cependant cette solution n’est efficace que si l’on habite dans un rayon de quelques kilomètres, avec un débit partagé limité, de la station de base de l’antenne radio (BTS – Base Transceiver Station) qui diffuse les ondes.
La solution leader : la fibre optique
La fibre optique est un investissement pérenne qui perdurera sur plusieurs générations. Elle représente une solution avec un risque de saturation du réseau très faible. Une fois installée, le changement d’opérateur est simple et ne nécessite que le changement des équipements chez le client final.
L’État s’engage logiquement vers ce choix technologique, permettant un débit quasi sans limite, avec un faible risque de saturation et une pérennité sur le long terme. Pour cela l’État prend la décision, dans un premier temps, de séparer le territoire en deux grandes zones, puis en 3 dans un second temps :
- Les zones AMII : il s’agit de zones denses ou très denses, où le déploiement des réseaux fibre sera assuré par l’initiative privée, sans aucune aide de l’État. Les opérateurs Orange et SFR déploieront respectivement les réseaux à 80 et 20% pour un investissement prévu de 6 à 7 milliards d’euros. En 2011, la répartition était beaucoup moins avantageuse pour SFR qui ne s’était vu attribuer que 10%.
- Les zones RIP/DSP : ces zones, « Réseaux d’Initiative Publique » / « Délégation de Service Public », sont placées sous la responsabilité des collectivités locales. Ici, l’équation économique n’est pas aussi simple, car le nombre d’abonnés est moins dense et la rentabilité est plus lointaine. L’État et les collectivités locales doivent alors s’engager pour permettre le déploiement des réseaux. Ils devront investir plus de 13 à 14 milliards d’euros ;
- Les zones AMEL : ce sont les zones sur lesquelles, le département ou une collectivité locale lance un appel d’offre afin de prendre en charge la fibre optique dans les communes écartées des zones AMII en 2011. Cette solution est plutôt intermédiaire.
La solution intermédiaire : le mix technologique KS-AT et 4G fixe
Pour accompagner des territoires où l’accès au très haut débit était plus compliqué, la solution retenue a été de combiner deux technologies. En complément de la fibre, l’État et l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) défendent deux projets :
- le lancement d’une offre 4G Fixe qui permet d’avoir des offres très haut débit sans infrastructure fixe. Cette solution va de pair avec le plan du gouvernement contre les zones blanches et reste moins coûteuse qu’un réseau fibre intégral. Elle sera facilitée par les évolutions de la technologie 4G qui permet désormais d’atteindre des débits jusqu’au Giga (mutualisé) ;
- une offre d’accès à Internet par satellite avec le lancement du satellite européen KS-AT par la société Eutelsat. Les zones les plus reculées du territoire français (et européen) auront ainsi un accès très haut débit à Internet. Malheureusement, le succès de KS-AT a été tel, qu’avec le nombre élevé d’abonnés, le satellite est saturé en France.
Plan France très haut débit : quel bilan, 10 ans après ?
Du point de vue des bénéfices utilisateurs
Le rapport de France Stratégie, paru le 11 janvier 2023, vise à mesurer l’impact économique du plan en termes d’investissements, d’emploi et d’attractivité des territoires. Cette institution autonome, placée auprès du Premier ministre, contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions. Le document publié en début d’année a donc permis de dresser le bilan, une décennie après le déploiement du plan THD.
Les effets constatés sont globalement positifs, à commencer par les bénéfices pour les utilisateurs. Grâce au plan, 99% des foyers français et des entreprises sont éligibles au très haut débit (30 mégabits/seconde). La fibre optique, quant à elle, est déjà déployée sur 70% du territoire et presque 15 millions de ménages et entreprises y sont abonnés. Le reste est assuré par le mix technologique mis en place.
Le rapport note aussi que les appartements ou maisons équipés de la fibre semblent connaître une plus-value lors de leur revente au vu de la hausse de la valeur des transactions immobilières de près de 3% dans les régions fibrées.
Du point de vue des bénéfices pour le marché de l’emploi
Les zones rurales équipées de la fibre attirent aujourd’hui beaucoup plus d’entreprises qu’auparavant. Lorsqu’une commune passe de 0 à 100% de couverture fibre, France Stratégie a constaté une augmentation de 2% du nombre de nouvelles entreprises s’installant sur le territoire. Cela est aussi valable pour les villes, où ce chiffre atteint presque 4%.
La présence de la fibre a aussi un impact positif sur le chômage en augmentant l’activité non salariée. On constate ainsi une baisse d’environ 1% du nombre de demandeurs d’emploi dans les zones désormais équipées de la fibre.
Même si le plan a montré son efficacité 10 ans après, il reste cependant quelques points de vigilance. À commencer par les pourcentages de couverture qui ne concernent que les logements construits en 2013. De facto, ceux construits au-delà ne sont pas pris en compte ce qui peut engendrer des décalages avec la réalité sur le terrain. Dans un contexte d’inflation, et de hausses des prix, il faudra que le gouvernement garde en tête le sujet de l’accessibilité tarifaire aux offres Internet en plus de cette accessibilité territoriale promise pour tous. Avec l’accès au très haut débit, la fameuse offre au tarif imbattable de 29,99 euros se rapproche plus aujourd’hui des 50 euros ou plus. Un prix que tous les ménages ne sont pas en mesure d’assurer dans un contexte d’inflation grandissante.
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