Magasins connectés autonomes : quelles perspectives pour le retail en France ?
L’ubérisation du marché de la grande distribution a mis de nombreuses enseignes sur la voie de l’automatisation de leurs magasins. Le projet innovant et ambitieux d’Amazon Go aux USA en a inspiré plus d’une pour offrir de nouvelles expériences clients. La technologie offre de belles perspectives pour le secteur. Mais laquelle répond le mieux aux usages ? Qu’engendrent ces nouvelles façons de consommer ? Décryptage des tests lancés par certaines enseignes dans l’hexagone pour jouer la carte de l’ultra-proximité.
Les tendances de la consommation alimentaire évoluent, « l’amazonisation » – ou le fait de consommer en ligne – s’accélère. Les clients veulent acheter tout de suite, au plus près et à n’importe quelle heure. Pour cela, les enseignes de la grande distribution cherchent à digitaliser davantage l’acte d’achat et innovent pour offrir plus de services, de flexibilité et de fluidité au moment de payer.
Que se cache-t-il derrière les magasins connectés autonomes ?
Des magasins automatisés dans des boxes
L’ère du magasin 100% automatisé et autonome s’installe en France. De nombreux concepts sont en phase de test, d’autres s’implantent progressivement dans les grandes villes, les zones tertiaires et périurbaines (près des aéroports, des hôpitaux ou des sièges d’entreprise). Selon les enseignes, le format des magasins et les innovations varient. Leur objectif commun est de mettre à disposition des produits de consommation courante dans un magasin ouvert 24/7 et sans personnel.
Deux enseignes ont développé le format “supérette” dans un conteneur 100% automatisé en 2020 : Boxy d’une part et Monoprix avec la Black Box d’autre part. L’innovation s’appuie sur différentes technologies incorporant de l’intelligence artificielle avec un système de caméras ou encore un système de pesée pour la gestion automatisée des prélèvements d’articles et du paiement en magasin. À ce jour, Boxy mixe les deux technologies : une innovation capable d’identifier le produit pris par le client via des caméras et des capteurs de poids dans les linéaires. Tandis que Monoprix favorise la technologie de pesée, ne laissant entrer qu’une personne dans le conteneur.
Des magasins autonomes selon les horaires d’ouverture
En parallèle, un autre modèle quasi-similaire a vu le jour : le magasin autonome. Le groupe Casino s’est lancé sur ce format hybride combinant le supermarché traditionnel en journée et le mode autonome en dehors des heures d’ouverture habituelles. Cette solution à usage urbain et péri-urbain répond aux besoins de consommation à toute heure. L’objectif du magasin autonome est d’offrir un libre-accès à l’ensemble des linéaires (à l’exception de l’alcool). Les clients scannent les produits avec leur smartphone ou le système PSS de self-scanning (PSS pour Personal Shopping Solution). Pendant ce temps, la surveillance du magasin est assurée par les vigiles.
Le concept d’automatisation est au début de sa lancée. D’autres concepts sont encore à l’essai à l’heure actuelle, on peut citer Carrefour Flash et le distributeur Ximiti, qui s’appuie sur le concept du Click & Collect.
Lire aussi notre article « Des magasins ouverts 24h/24 grâce au smartphone »
Quels avantages à développer des magasins connectés autonomes ?
- L’amplitude horaire 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans personnel
Les magasins autonomes et automatisés offrent la possibilité de faire les courses à toute heure de la journée (pause déjeuner, courses d’appoint par exemple).
- Une offre produits bien fournie pour une supérette de 20m²
Une box comptabilise 300 références. C’est assez révolutionnaire pour une petite surface de vente. L’offre inclut en majorité des produits de dépannage de restauration, des produits non alimentaires et de petits dépannages.
- Une identification des clients et un passage en caisse rapide
L’identification des consommateurs en amont de l’acte d’achat est innovante. Pour la Black Box, le distributeur enregistre l’empreinte bancaire du client avant son entrée dans le magasin. Il place les produits dans un panier virtuel et le paiement en dessous de 30 euros est automatiquement effectué.
Pour Boxy, l’identification est différente. Elle s’effectue par le téléchargement d’une application sur smartphone fournissant un QR Code unique : une fois scanné, la box s’ouvre et le suivi de la personne commence.
Dans les boxes, l’expérience client est très rapide. Elle dure moins d’une minute en moyenne.
Pour les magasins autonomes, les clients ont le choix d’utiliser les caisses libre-service ou une application coupe-file (Monoprix & moi ou Casino Max par exemple).
- Un dispositif de reconnaissance des produits performant
Le dispositif de capteurs répartis dans l’ensemble du magasin et le programme d’intelligence artificielle se révèlent très performants pour savoir quels produits sont pris dans les rayons. Les enseignes indiquent un taux d’erreur entre 1% et 3%, ce qui est très correct en comparaison avec les supermarchés traditionnels.
- Une installation de la box rapide et simple
Seule une alimentation électrique et une couverture 4G sont nécessaires pour connecter le magasin via une antenne intégrée.
Quelles limites observées pour les magasins connectés autonomes actuels ?
- Les coûts de la technologie
Pour Boxy et la Black Box de Monoprix, le parti pris d’un équipement avec un système de levée et de capteurs vidéo pour décompter les produits semble moins onéreux que les solutions utilisant la vidéo et la reconnaissance d’images. Néanmoins, le panier moyen situé entre 6 et 10 euros est-il suffisamment rentable pour amortir les frais technologiques ?
- Un nombre de clients et de paniers limité
Selon les enseignes, le nombre de clients possible à l’intérieur de la box varie. En effet, la Black Box de Monoprix ne peut accueillir qu’un seul client à la fois contrairement à la supérette Boxy qui peut en accueillir plusieurs sur une surface de vente très limitée. Même contrainte pour le nombre de paniers, si trois personnes rentrent dans la box, un seul paiement à la fois est possible. Ceci est loin d’être efficient en cas d’affluence.
- Une reconnaissance des produits similaires techniquement difficile
La reconnaissance des produits par système de capteurs est limitée techniquement pour les produits similaires. Prenons l’exemple d’une bouteille de 50cl de coca normal. Celle-ci ne peut être distinguée de la version coca zéro si les deux bouteilles se trouvent côte à côte dans les linéaires. La seule solution envisageable est d’espacer dans les rayons les produits d’apparence trop similaire.
- Un modèle logistique facile à trouver ?
Les enseignes misent sur un modèle logistique d’une livraison par jour pour approvisionner les 300 références de leurs boxes. En effet, la profondeur des stocks limitée nécessite un approvisionnement récurrent pour pallier les risques de ruptures. Pour cela, les enseignes s’appuient sur l’intelligence artificielle et bénéficient d’une connaissance très fine du stock dans chaque magasin.
Pour limiter les frais d’approvisionnement, chaque box est approvisionnée par l’entrepôt le plus proche, cela nécessite de mutualiser les préparations de commandes. Pour la gestion des produits frais, le livreur – chargé de l’approvisionnement – contrôle les dates limites de consommation (DLC).
- Moins d’achats d’impulsion ?
L’offre des produits est majoritairement axée sur des produits de dépannage. Contrairement aux courses en supermarché où les promotions et les parcours dans les linéaires favorisent les achats d’impulsion, les clients vont davantage à l’essentiel dans ce type de magasin.
- Des prix si compétitifs ?
La Black Box de Monoprix ou la supérette Boxy affirment réussir à maintenir des prix similaires à ceux pratiqués en supermarchés. Pour cela, Monoprix a composé une offre de 55% de MDD (marques de distributeur) sur l’ensemble des catégories de produits. Il n’y a pas de promotions comme dans les supermarchés traditionnels. Par ailleurs, les charges d’exploitation sur des magasins automatisés sont faibles et leur amplitude horaire 24 heures sur 24 augmenterait le potentiel économique.
Ces nombreux tests affichent bel et bien la tendance d’automatisation des magasins en France. Bien que les enseignes soient encore bien loin du système flexible d’Amazon Go, le développement des supérettes 100% automatisées ou des magasins autonomes hybrides modernise l’acte d’achat et répond aux besoins croissants des “consommateurs”. Aujourd’hui, le modèle de magasin hybride semble le plus rentable à développer.
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