Loi AGEC : fin de l’emballage jetable en Grande Distribution (GMS) et réemploi, quels enjeux ?

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Loi AGEC) prévoit une réduction de 20% du plastique à usage unique d’ici 2025 en Grande Distribution. Le cap fixé est celui d’un emballage réutilisable à 100% pour 2040. Comment la grande distribution va-t-elle opérer cette nouvelle contrainte réglementaire qui répond aux tendances de la consommation responsable ?

En 2025, les enseignes de la Grande Distribution devront proposer jusqu’à 10% d’emballages réutilisables dans le cadre la loi AGEC.
En 2025, les enseignes de la Grande Distribution devront proposer jusqu’à 10% d’emballages réutilisables dans le cadre la loi AGEC.

La loi AGEC se structure autour de 4 marchés : la restauration commerciale, la restauration collective, la distribution alimentaire et le portage à domicile. Les enseignes de GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) seront donc elles aussi impactées par la fin des emballages jetables et devront passer au réemploi. Dans le cadre de la loi AGEC, les acteurs de la grande distribution devront atteindre une proportion d’emballages réemployables équivalente à 10% des emballages mis sur le marché.

Réemploi en Grande Distribution (GMS) : les consommateurs français sont-ils prêts à passer à l’emballage réutilisable ?

De manière générale, on observe un fort intérêt des Français pour les nouveaux modes de consommation dits « responsables » : emballages réutilisables, vrac, location, achat de seconde main, recours à des ressourceries, etc. Cette appétence pour des offres en lien avec l’économie circulaire se traduit par un certain nombre d’attentes vis-à-vis des marques et des enseignes. Selon une étude d’Invibes Advertising, réalisée en mai 2022 avec Happydemics, 78% des consommateurs interrogés aimeraient que les marques les encouragent davantage à se tourner vers une consommation durable. Les Français sont aussi 65% à attendre des marques qu’elles adaptent leur business model pour une consommation plus responsable.

On retrouve cet engouement pour de nouveaux comportements de consommation vertueux dans l’intérêt croissant que portent les Français aux emballages alimentaires réutilisables. Une étude Ifop pour WWF, publiée en novembre 2019 (« Les Français et le recyclage des produits et emballages plastiques ») montre que 88% des Français sont favorables à la mise en place d’un système de consigne permettant le réemploi des bouteilles et des emballages. C’est justement ce que prévoient les enseignes de Grande Distribution pour se conformer aux dispositions de la loi AGEC.

Fin de l’emballage jetable en GMS : quels changements pour les enseignes de la Grande Distribution ?

Toutes les enseignes de la Grande Distribution (GMS) ont entrepris une démarche de réduction des emballages jetables pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Celle-ci a démarré bien avant la loi AGEC, dès le début des années 2000, avec le retrait progressif des sacs plastiques à usage unique dans les points de vente (sauf s’ils sont compostables), jusqu’à leur interdiction totale au 1er janvier 2017 en France.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire adoptée en février 2020 va encore plus loin. Les nouvelles mesures entrées en vigueur au 1er janvier 2022 prévoient entre autres l’interdiction du suremballage des fruits et légumes frais de moins de 1,5 kg, l’interdiction de détruire les invendus non-alimentaires et la réduction de moitié d’ici 2025 du gaspillage alimentaire en supermarché.

Trois objectifs sont aussi fixés à la Grande Distribution par le premier décret de la Loi AGEC (2021-2025) :

  • Atteindre 20% de réduction des emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025, dont au minimum la moitié obtenue par recours au réemploi et à la réutilisation ;
  • Tendre vers une réduction de 100% des suremballages en plastique à usage unique, d’ici fin 2025 ;
  • Viser 100% de recyclage des emballages en plastique à usage unique d’ici le 1er janvier 2025.

Quels sont les enjeux techniques et organisationnels du réemploi des emballages pour la Grande Distribution ?

Dans un contexte où l’on cherche à rationaliser les coûts et à maitriser son impact sur l’environnement, l’usage d’emballages réutilisables en grandes et moyennes surfaces semble aller de pair avec la mise en place d’une consigne. Les contenants réemployables sont ainsi prêtés aux clients de l’enseigne, contre une contribution financière, qui leur sera rendue au moment où ils les ramèneront en magasin.

L’intégration d’un système de consigne d’emballages réutilisables pose au moins 3 enjeux :

1. Gérer la disponibilité des emballages réutilisables

Les enseignes doivent connaitre l’état de leur stock d’emballages réutilisables en temps réel pour s’assurer d’en avoir suffisamment pour le nombre de clients attendus. Une solution est d’associer un tag RFID unique à chaque contenant. De cette manière, il sera possible de l’attribuer à un identifiant client unique et de suivre sa progression jusqu’à son retour en magasin. Cela permettra notamment de maitriser le nombre d’emballages « dormants » à domicile ou égarés dans la nature.

2. S’assurer que les emballages réutilisables reviennent bien en magasin

Une nouvelle logistique devra être mise en place pour faciliter le retour des emballages réutilisables en magasin, sans impacter la fluidité de l’expérience client. Si les opérations de déconsigne complexifient le passage en caisse ou augmentent considérablement le temps passé à l’accueil, les clients rechigneront à jouer le jeu.

3. Laver les emballages réutilisables

Les emballages réutilisables fournis par les enseignes GMS seront consignés. Il sera demandé au consommateur de laver les contenants de réemploi qui ont servi à transporter les denrées alimentaires, avant de les ramener au magasin. Mais les enseignes devront également prévoir par précaution un circuit de lavage et de désinfection des emballages déconsignés pour éviter tout risque de contamination, a posteriori, des aliments.

 

Lire aussi : « Repas livrés à domicile : comment bien gérer le passage à la vaisselle réutilisable ?« 

 

Quelques exemples d’expérimentations de réemploi des emballages en Grande Distribution (GMS) ?

Système U

Pendant cinq mois, Système U a expérimenté la mise en place d’un circuit complet de réemploi d’emballages alimentaires sur cinq magasins en Bretagne. L’enseigne a voulu évaluer l’envie de ses clients de consommer différemment, en étudiant les taux de retour et en menant des enquêtes clients. Les consommateurs étaient incités à ramener les emballages réutilisables vides, par l’apposition d’un message « Rapportez-moi ! » sur chacun d’entre eux. Le but de cette expérimentation était aussi de tester la viabilité économique et la faisabilité opérationnelle d’une boucle complète de réemploi, opérée en partenariat avec la start-up Uzaje.

Blédina

La marque d’alimentation infantile Blédina teste le réemploi sur l’une de ses gammes de pots et bocaux. L’expérimentation s’est déroulée sur 9 mois, en partenariat avec l’enseigne Carrefour dans quelques magasins franciliens et à Brive-la-Gaillarde (19). Le dispositif a été opéré par trois start-up de l’économie circulaire : LOOP s’est chargé d’organiser la consigne et la récupération des bocaux en magasin ; Lemon Tri s’est occupé de la collecte des contenants à Brive-la-Gaillarde et de leur déconsigne ; le lavage et la désinfection ont été confiés à Uzaje.

Heineken France

La marque de bière Fischer, qui appartient à Heineken France, propose des bouteilles consignées pour réemploi dans certains magasins alsaciens de l’enseigne Carrefour. Les clients qui choisissent d’acheter ces bouteilles doivent les rapporter par la suite au point de collecte dédié pour récupérer le montant de la consigne. Cette expérimentation vise à étudier de plus près les attentes des consommateurs et la traçabilité des bouteilles réutilisables pour améliorer la performance du dispositif.

Franprix

La filiale du groupe Casino, Franprix, a expérimenté une offre de « repas zéro déchet » dans l’un de ses magasins parisiens. Les clients qui se servent au bar-traiteur, à la rôtisserie ou à la machine à jus du magasin peuvent choisir des récipients réutilisables en verre. S’ils décident de les emporter, ils pourront les rapporter par la suite, pour qu’ils soient lavés et réemployés par l’enseigne.

Pour aller plus loin : « Loi AGEC : gérez les stocks, la consigne et la traçabilité de votre vaisselle réemployable« 

L’utilisation d’emballages réutilisables en Grande Distribution appelle de nouveaux process : la récupération de l’emballage, sur le lieu de vente ou à domicile, le transport, le lavage et le re-remplissage. Certaines enseignes expérimentent des dispositifs de consignes sur un nombre restreint de magasins pour étudier le comportement des consommateurs. Lorsque le déploiement se fera à plus large échelle, les enseignes de la GMS devront piloter efficacement la gestion des stocks d’emballages réutilisables, pour ne jamais en manquer. Des solutions de traçabilité permettront à la Grande Distribution de suivre de près chaque emballage, individuellement, afin de limiter les contenants dormants, non réemployés et d’obtenir chaque jour le stock le plus juste pour servir les clients.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur la gestion et le suivi d’emballages réutilisables en Grande Distribution ? Contactez les experts Hub One pour obtenir une réponse personnalisée et consultez notre page solution : https://www.hubone.fr/solutions/loi-agec-vaisselle-reemployable/

Marine PAGES
Marine PAGES
Marine est Product Manager Reuse chez Hub One. Elle est chargée du développement et du lancement d’une solution logicielle et matérielle qui accompagne nos clients dans leur passage au réemploi après avoir passé plusieurs années dans le retail. Passionnée par la cuisine, Marine ne s’arrête pas à l’élaboration des recettes mais s’intéresse à tous les sujets autour de l’alimentation tels que sa géopolitique, son histoire et son avenir. En famille, Marine aime les road-trips et n’hésite pas embarquer son petit garçon de 2 ans à la découverte du monde. Côté technologie, Marine aime utiliser l’application Figma, un outil de design collaboratif. Toujours connectée à son job, elle consulte quotidiennement les médias spécialisés et se tient ainsi au courant des évolutions des secteurs d’activité de ses clients. Marine, curieuse de ce que demain nous réserve, lit et écoute des médias qui explorent les nouveaux imaginaires du futur.
Steeve Broutin
Steeve Broutin

Ingénieur commercial solutions Retail & ERP

Steeve Broutin est IC Solutions Retail & ERP, en charge du développement des solutions Displays, Flex-Office, Your Store et AGEC. Passionné par la Tech et le Retail, Steeve a collaboré à de nombreux projets innovants pour des grandes marques comme Mc Donald's, Nespresso, Orange, l'Oréal... autour de solutions RFID, de Kiosks, d'affichage dynamique et de tablettes d'aide à la vente. Toujours à l'affut des tendances et avec un certain goût du challenge,  il cofonde en 2014 une startup dans le Click and Collect et la Livraison pour les commerçants qu'il quitte en septembre dernier pour rejoindre Hub One. A 52 ans, Steeve souhaite que les projets qu'ils portent aient du sens, portent des valeurs, comme ce beau projet de traçabilité de bout en bout dont l'objectif est de réduire les déchets dans la restauration rapide, en favorisant le réemploi et en évitant le gaspillage. Faire du bien à la planète, un beau programme pour lui et pour Hub One !

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