L’inventaire en entrepôt, nouveau terrain de la digitalisation !

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Métier nécessitant l’emploi important de ressources humaines et matérielles, l’inventaire en entrepôt s’ouvre de plus en plus aux nouvelles technologies de l’information pour alléger ses processus complexes. De la reconnaissance d’image en passant par la possibilité d’utiliser des drones, les possibilités sont multiples. Tour d’horizon de l’inventaire de demain avec Lucie Vauché, chef de projet innovation chez FM Logistic.
 

 

Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter votre société ?

FM Logistic a été créée en 1967. Nous sommes une entreprise indépendante, qui est devenue un acteur international dans les métiers de l’entreposage, du transport et du conditionnement, avec une orientation très forte sur les produits de grande consommation, la distribution, la parfumerie ou encore l’industrie de la santé. Nous sommes axés sur une politique d’innovation forte, et sommes ainsi le pionnier du pooling, c’est-à-dire de la gestion mutualisée des ressources en transport et en logistique.

 

Comment se déroule concrètement un inventaire ? Car tout le monde n’a pas l’opportunité d’entrer dans un entrepôt…

Les inventaires sont aujourd’hui des processus qui nécessitent une mobilisation importante de ressources, à la fois matérielles et humaines. Il faut du personnel pour compter les palettes et réaliser l’inventaire à proprement parler, du personnel pour briefer les équipes, suivre les évolutions de l’inventaire et surtout analyser ensuite les écarts que l’on peut trouver.  Sur un plan opérationnel, puisque nos entrepôts sont de grande hauteur, parfois plus de 10 mètres, nous avons besoin de nacelles capables d’amener des personnes à la hauteur suffisante pour réaliser l’inventaire. Ce sont des processus assez lourds. Et lorsque nous devons réaliser un inventaire fiscal, c’est à dire l’inventaire annuel, vérifié par les commissaires aux comptes des clients, nous sommes sous pression. Il faut inventorier l’ensemble de l’entrepôt dans un temps limité, souvent le week-end. C’est d’autant plus de ressources à prévoir pour cette période.

 

Comment les nouvelles technologies peuvent-elles s’intégrer dans un tel processus, et simplifier les tâches ?

Le gain est surtout de gagner en ergonomie, en facilité, en flexibilité dans les tâches,  et alléger une organisation matérielle trop importante : par exemple lorsque nous devons inventorier 2000 palettes dans l’entrepôt.

Depuis deux ans, FM Logistic travaille en ce sens. Un comité d’innovation a réuni des représentants de plusieurs filiales de l’entreprise, avec au cœur des échanges et du brainstorming autour d’une question clé : comment faire pour se passer des nacelles ? Plusieurs pistes ont émergé dont celle de l’Inventory Viewer. Ce dispositif intelligent, que l’on peut placer sur un chariot classique, permet de réaliser un inventaire par images avec un assemblage de technologies existantes : des caméras liseuses de codes-barres, des capteurs de détection et localisation. Il n’y a aucune intervention humaine, le fichier d’inventaire est créé directement.

L’innovation est une démarche permanente qui amène à se pencher sur les problèmes que l’on peut rencontrer au quotidien, avec une amélioration continue des process.  Et parfois nous arrivons au bout de telles démarches. Il faut aller ailleurs, avoir une rupture par rapport à l’existant.

 

Qu’en est-il de l’utilisation de la RFID ?

Cette technologie existe, par exemple dans le textile mais elle nécessite que chaque palette possède sa propre étiquette RFID. En tant que prestataire logistique, nous ne déciderons pas de taguer toutes les palettes que nous recevons. C’est une initiative qui viendra soit des grands distributeurs qui vont imposer à tous les industriels d’équiper les palettes, soit les industriels prendront ce pli full RFID au fur et à mesure. Autant sur la RFID cela devrait venir de l’amont ou de l’aval, autant sur d’autres innovations, le travail est développé en interne.

 

Justement, comment imaginer l’inventaire de demain ? Avec quelles ruptures ?

En ce moment, on parle beaucoup des drones. Cela fait partie des axes potentiels. Cela permettrait d’utiliser moins de matériel, et de réduire en parallèle le nombre  de personnes mobilisées pour l’inventaire. Un drone qui vole dans un entrepôt, c’est une vraie innovation. Un tel système est davantage taillé pour des inventaires d’emplacement ponctuels, mais pourrait aussi effectuer des inventaires de masse.

Un autre axe est celui autour de la technologie de vision, très pratique sur des palettes en picking, c’est-à-dire lorsqu’il est nécessaire de compter le nombre de colis. Nous irons peut être vers des technologies capables de le faire directement. Nous parlons de détection de volumes, de laser 3D, de la Kinect, du Realsense d’Intel…  Cela reste au stade de la réflexion. Mais en détectant les volumes, nous irions un cran plus loin.

 

Cela veut-il dire qu’à terme, on peut imaginer des entrepôts et des inventaires sans présence humaine ?

Sans homme, peut-être pas.  Aujourd’hui, il y a une forte tendance à la mécanisation et à l’automatisation, avec des investissements importants dans ce domaine. La logistique reste tout de même un métier d’Hommes, avec un grand H. Et il faut toujours mesurer l’investissement effectué avec le gain réalisé. Les entrepôts automatisés sont une solution qui peut être réservée aux entrepôts en propre pour les industriels, les distributeurs. Ce sont plutôt des Leclerc, des Carrefour Drive qui se lancent, car ils peuvent investir dans ces projets avec une visibilité à 7-10 ans.

 

Y a-t-il beaucoup de freins à l’installation de ces nouvelles technologies ?

La digitalisation laisse un programme informatique travailler à la place des humains. C’est lui qui va me dire qu’à tel emplacement il y a telle palette, que tel autre est vide, etc. Cela nécessite que l’humain fasse confiance à la solution, et accepte de ne plus effectuer toutes les tâches. Dans le même temps, le client doit être d’accord pour l’utilisation de nouveaux procédés.

Il faut savoir que ces dernières années, les évolutions ont surtout concerné la sécurité des collaborateurs pour faire les inventaires. Nous n’avons pas forcément cherché à être plus productif, mais à améliorer à la sécurité. Mais en couplant une nacelle avec des solutions technologiques et intelligentes, on limite déjà les risques.

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