Les réseaux mutualisés, ou la dernière frontière des télécoms
Notre dépendance aux smartphones et à leurs applications, ou tout simplement au service de téléphonie est criante. Nous sommes tous gourmands de connectivité : qui ne s’est jamais offusqué de l’absence de réseau WiFi ou 3/4G autour de lui ?
Il n’est pas toujours économiquement viable pour un opérateur mobile de couvrir une zone donnée. D’une part, il aura déjà rempli ses obligations de couverture nationale ou régionale imposées par le régulateur. D’autre part, en ce point géographique, il aura soit peu de clients abonnés potentiels, ou bien l’environnement dans lequel il faut déployer le réseau sera très complexe, en galeries souterraines par exemple.
Ces zones non couvertes naturellement par les opérateurs s’appellent les zones blanches. On en verra de plus en plus : les gratte-ciels poussent toujours plus nombreux, les bâtiments HQE se révèlent peu perméables aux ondes, les services 4G exigent de grandes densités d’antennes…
Donner du service à l’usager tout en rémunérant les acteurs de la chaîne
On peut concevoir qu’un opérateur mobile donné ne verra pas d’intérêt à mobiliser sa capacité financière pour couvrir seul une zone de ce type. En revanche, si l’on agrège les besoins des abonnés de tout ou partie des opérateurs mobiles dans cette même zone, alors on sait viabiliser l’infrastructure de réseau qui la couvre : les abonnements et l’usage du réseau permettent d’en financer le déploiement, l’exploitation et la maintenance. De donner du service à l’usager tout en rémunérant tous les acteurs de la chaîne : propriétaire des bâtiments, exploitant du réseau mutualisé, opérateur télécom utilisant ce réseau pour servir son abonné.
Un modèle gagnant–gagnant
Déjà, des modèles de partage d’infrastructures de réseaux émergent entre opérateurs à l’extérieur. Il semble aujourd’hui très sensé et donc probable que ces initiatives se multiplient. Ainsi, le gestionnaire d’un grand réseau de métro urbain, dont les artères ne sont pas couvertes, entend-il pousser l’investissement par des tiers dans un réseau antennaire et filaire afin que les opérateurs mobiles qui le souhaiteront utilisent ce medium mutualisé pour apporter de la connectivité à leurs abonnés. In fine, tout le monde gagne !
Par analogie de raisonnement, on pourra créer des réseaux mutualisés pour pallier d’autres facteurs de rareté. Ainsi sur l’emprise des aéroports parisiens avons-nous une densité importante de réseaux mobiles qui répondent à divers usages : police, pompiers, gestion des escales pour les compagnies aériennes… Toutefois, les réseaux 4G se révèlent gourmands en spectre hertzien ; tous les acteurs en présence ne pourront physiquement y trouver de place pour des réseaux propriétaires à l’avenir. Puisque nous ne pouvons partager le spectre hertzien, partageons le réseau ! Un réseau mobile à haut débit au service des usages professionnels, voilà un autre projet de réseau mutualisé qui apportera le meilleur des technologies au service de tous.
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