INTERVIEW – Les robots mobiles autonomes (AMR) sont l’avenir de l’industrie et de la logistique

Nous avons rencontré Nicolas OTT, Responsable développement commercial et partenariats chez Sherpa Mobile Robotics (SMR). Cette société française produit et commercialise depuis 2020 une gamme de robots mobiles autonomes polyvalents (AMR) pour l’industrie et la logistique. Il nous dévoile sa vision de la robotique collaborative et ses perspectives dans le contexte de l’industrie 4.0.

Pouvez-vous nous préciser ce qu’est un robot mobile autonome (AMR) dans un contexte logistique ?

Nicolas OTT. Les AMR (« Autonomous Mobile Robot », NDLR) sont des robots collaboratifs capables d’effectuer des déplacements de produits, en toute autonomie. Contrairement à un AGV (« Automated Guided Vehicle », NDLR), dont les trajectoires sont prédéterminées et guidées par des dispositifs, un AMR est capable d’interagir dans des environnements multiples, dynamiques et évolutifs, à partir d’une simple cartographie. De plus l’AMR peut évoluer dans des environnements encombrés grâce à sa capacité d’évitement et d’adaptation de trajectoire.

Ce système de navigation permet à l’AMR de s’adapter à de nombreux domaines d’activités, avec autant de cas d’usage : l’industrie (pour le transfert de pièces par exemple), la logistique (pour le picking, le kitting ou les tâches de manutention), l’e-commerce (pour la gestion des entrées, retours et sorties), le milieu hospitalier (pour la gestion du linge) ou encore le retail.

Lire aussi notre article « Robot mobile autonome (AMR) : a-t-on (enfin) trouvé le chainon manquant entre production et logistique ? »

Quels sont les avantages du robot mobile autonome (AMR) ?

Les avantages de l’AMR sont nombreux. Je peux citer notamment :

• le gain de performance, car l’automatisation des transferts de produits permet au personnel d’effectuer en parallèle d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée ;
• la fluidité des process, le fonctionnement just-in-time améliorant la productivité ;
• la réduction de la pénibilité, car l’AMR réduit la répétitivité du transfert de charges par les opérateurs ;
• la sécurité, car les systèmes de capteurs, lasers, caméras 3D garantissent une meilleure navigation. Par ailleurs, les normes ISO associées aux robots réduisent les erreurs et le risque d’accident ;
• la flexibilité : le besoin croissant de flux logistiques plus réactifs ne remet pas en question l’organisation interne.

Qu’en est-il de la maturité technologique de l’industrie française et de la logistique en matière d’AMR ?

Les entreprises françaises sont de plus en plus matures sur le sujet de la robotique. L’explosion du e-commerce a fait bouger les lignes. Elles ont conscience que l’automatisation par les AMR ne concerne plus seulement les lignes de production, et qu’elle peut aussi s’étendre à la logistique. Cependant, en France l’AMR se situe encore sur un marché de niche, mais à très fort potentiel. Les AGV et autres robots industriels bénéficient d’une plus grande notoriété et maturité sur le marché que les AMR.

Une solution AMR peut-elle déshumaniser le travail industriel et logistique ?

Un AMR a vocation à se déployer sur l’ensemble de la chaîne logistique, sans pour autant réduire à néant les tâches humaines. Certains flux réalisés par les hommes ne sont pas toujours automatisables. On parle plutôt de collaboration entre les robots et les hommes.

L’automatisation a pour but de réduire la pénibilité et la répétitivité des tâches manuelles. De cette manière, les missions des opérateurs sont revalorisées.

En quoi l’intégration d’une solution AMR est-elle simple, sûre et rapide ?

L’AMR se définit comme une solution robotique de mobilité industrielle nouvelle génération. Comme sa technologie de navigation se base sur la cartographie du bâtiment, son intégration est simple et rapide. Il n’est pas nécessaire de modifier l’environnement. Concrètement, l’intégration d’un AMR peut s’effectuer par étape : cela permet d’étaler les investissements et de tester 1 ou 2 robots collaboratifs avant de déployer une flotte plus importante par la suite.

Du point de vue de la connectivité, un AMR s’intègre facilement aux systèmes d’information existants (WMS, ERP…), dans le respect des grands principes de la cybersécurité. Enfin, son intégration ne nécessite aucun roboticien en interne. Les interfaces intuitives peuvent être gérées directement par un opérateur ou un chef de projet, après de courtes formations. Tout cela permet aux industriels d’être complètement autonomes au moment d’adapter l’usage des robots à l’évolution des besoins.

Comment réussir l’intégration d’un AMR au sein de son environnement industriel ou logistique ?

Avant d’intégrer un AMR, il est recommandé de réaliser un audit. Celui-ci permet de faire ressortir les besoins humains et technologiques pour gagner en fluidité et en productivité. L’audit permet aussi de prendre conscience des enjeux humains, organisationnels et économiques auxquels l’organisation doit répondre. Ensuite, il est possible de mettre en place des POC (proof of concept, NDLR) pour tester, adapter et répondre aux besoins de l’organisation.

De quelle manière la technologie accompagne-t-elle la robotisation ?

Tout projet de robotisation mobile autonome s’agrémente de devices. L’Internet des objets (IoT) permet de gagner en flexibilité, grâce à des schémas de connexion créés entre les machines. La réalité augmentée peut favoriser le contrôle, tandis que le cloud offre une meilleure exploitation et un meilleur stockage des données. Cela garantit une visibilité complète des processus de production ou logistiques pouvant aboutir à une meilleure maîtrise des dépenses énergétiques.

Ce qu’il faut retenir :

Les AMR permettent aux acteurs industriels et logistiques de gagner en efficacité et en compétitivité de manière durable. Mais ils ne sont qu’un maillon de l’industrie 4.0. Associés aux nouvelles technologies (réalité augmentée, Intelligence artificielle, Internet des Objets Industriels, etc.), les AMR apportent une réponse pratique aux nouveaux enjeux industriels et logistiques (métiers en tension, augmentation de la demande, personnalisation de la production, etc.), une plus grande fiabilité et une sécurisation plus forte des process.

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Hubert Paoli