Gagner en fluidité sur le moment-clé du Turnaround
8 milliards de passagers à l’horizon 2035
Difficile pour les aéroports de suivre le rythme effréné du trafic mondial. En 20 ans, le nombre de passagers a plus que doublé, atteignant les 4 milliards d’individus transportés par les airs en 2017. Et ce n’est pas près de s’arrêter. L’association prévoit le doublement du nombre de passagers d’ici 2035. Pour les aéroports, l’enjeu est de pouvoir absorber cette croissance phénoménale. Pendant longtemps, la solution a été d’investir davantage : plus d’aérogares, de passerelles avions, de pistes… Mais tous ces développements ont leurs limites, notamment dans les pays développés où les politiques environnementales se durcissent et les surfaces au sol se raréfient. Alors, comment faire face à la saturation inéluctable des infrastructures ?
Une étape clé pour la sécurité et la ponctualité des vols
La réponse sera entre autres technologique. De nombreuses opérations peuvent être optimisées pour gagner en fluidité, comme celui du turnaround entre le moment où l’avion arrive à son point de stationnement et le moment où il en repart. Pendant cette étape technique importante, les avions sont débarrassés de leur fret, des bagages et des eaux usées, avant d’être à nouveau rechargés et préparés pour la rotation suivante. La fluidité des opérations lors de la touchée est critique. Tout retard pris a un impact direct sur la ponctualité du départ de l’avion, sur la ponctualité de son arrivée au prochain aéroport, ainsi que sur la ponctualité des avions attendus à ce même point de stationnement. Sans compter la rentabilité de la ligne pour la compagnie aérienne et la satisfaction des passagers.
Les opérations qui se déroulent pendant le turnaround se font sous le contrôle du chef-avion. Cette personne qui représente généralement la compagnie au sol a sous sa responsabilité un certain nombre de tâches règlementaires : mettre en place la répartition de la charge dans l’avion, établir le devis de masse, prévoir les interventions des sous-traitants sur l’appareil, surveiller les opérations d’escale et agir en cas d’aléas, par exemple. Mais toutes ne s’opèrent pas à chaque fois. Dans le cas d’un court ou moyen-courrier, l’avion ne sera pas systématiquement déchargé de tous les éléments comme les eaux usées ou bien rechargé en eau potable à chaque escale. En revanche, s’il s’agit d’un long-courrier, le temps d’immobilisation est plus important (environ deux heures, contre 30 à 40 minutes pour un court et moyen-courrier).
Accélérer la prise de décision par le digital mobile
Pour le chef avion, qui doit gérer jusqu’à trois appareils simultanément, l’enjeu est d’obtenir suffisamment d’informations en temps réel pour piloter efficacement les opérations en cours. Aujourd’hui, le chef avion effectue son métier de manière empirique. Il observe lui-même le jalonnage des actions et peut interagir directement avec les sous-traitants depuis son terminal mobile. Encore beaucoup d’opérations se déroulent sur le papier ou doivent attendre le retour du chef avion à son bureau, comme la gestion des anomalies.
Pour gagner en fluidité, l’idée est d’équiper le chef avion d’un outil mobile sur lequel il pourra trouver toutes les informations objectives pour prendre les bonnes décisions sur place en cas d’aléas. Si un jalon ne peut pas être obtenu, au plus vite l’information est connue, au plus vite le chef avion peut agir pour garantir la ponctualité du vol.
Étendre la transformation digitale à l’ensemble du système
Il existe déjà un certain nombre d’applications qui sont intégrées par les compagnies sur leur hub principal. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas de généralisation de ce type d’outil sur l’ensemble des escales. Et le système aérien étant un système d’ensemble, le moindre retard pris quelque part va se répercuter sur tous les maillons de la chaine. Il y a donc une valeur à ce que tous les chefs avions soient mieux outillés, sur tous les aéroports.
Cela paraît incroyable, mais aujourd’hui un aéroport ne sait pas précisément à quel moment un appareil va quitter son point de stationnement. L’information sur le turnaround n’étant pas partagée en temps réel aux parties prenantes de l’aéroport, la nouvelle affectation de la zone ne peut pas être anticipée suffisamment tôt pour optimiser son taux d’occupation. Pour pallier cette difficulté, plusieurs expérimentations en Intelligence Artificielle (IA) voient le jour. Le Groupe ADP (Aéroports de Paris) lance ainsi en avril un projet de récupération automatique d’informations liées au turnaround, grâce aux caméras de l’aéroport côté piste. Des algorithmes permettront de reconnaître sur les vidéos les opérations de traitement en cours et pourront envoyer des informations de jalonnage aux parties prenantes du process avion (compagnies aériennes, assistants, prestataires de services…).
Diminuer le temps non productif générateur de stress
Un autre objectif de la digitalisation des processus métier du chef avion est celui de la réduction du stress. Gérer plusieurs appareils simultanément, avec leurs propres caractéristiques, faire face aux aléas et aux incertitudes, occasionnent un fort besoin en réassurance. Mais comment être sûr de l’information lorsque celle-ci est empirique et non tracée ? Les chefs avion passent leur temps à demander des confirmations aux équipes pour s’assurer que telle ou telle opération est bien en train de se dérouler. Pour prendre de bonnes décisions en un temps restreint, avec le maximum de sérénité, l’exploitation d’une data objective, traçable et mesurable devient indispensable.
Un outil mobile de gestion de l’information de la touchée apporte de multiples bénéfices pour les aéroports en voie de saturation. Grâce à lui, le chef avion peut absorber davantage de charges et réduire l’incertitude sur le temps d’immobilisation d’un appareil au sol. Cela a des répercussions positives sur l’ensemble du système aérien, depuis la gestion des ressources aéroportuaires jusqu’à la satisfaction des passagers, en passant par une plus grande rentabilité financière des compagnies et des aéroports qui optimisent leurs ressources.
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