EONA-X : faciliter le partage de données dans le tourisme, le transport et la mobilité
EONA-X vise à créer un espace de partage de données (« Data Space »), sécurisé et en conformité avec le cadre européen, entre acteurs de la mobilité, du transport et du tourisme. Dans la continuité du programme GAIA-X, l’initiative EONA-X a pour ambition de s’appuyer sur des cas d’usage concrets.
Qu’est-ce que l’initiative EONA-X ?
EONA-X est une association fondée par un groupe d’utilisateurs comprenant l’Aéroport Marseille Provence, Air France-KLM, Amadeus, Renault Group, la SNCF et le Groupe ADP (Aéroports de Paris). Son objectif est de créer une plateforme d’échange de données, sécurisée et souveraine, entre acteurs européens de la mobilité, du transport et du tourisme. Issue des travaux menés dans le cadre du projet européen GAIA-X, l’initiative EONA-X ambitionne de faciliter la circulation de l’information entre les entreprises du secteur. Le but est de voir se développer de nouveaux services de mobilité multimodaux à forte valeur ajoutée, en dehors des grands acteurs du Web, à destination des touristes et des voyageurs.
EONA-X : bien plus qu’un « Data Space » ?
Les membres fondateurs d’EONA-X, rejoints par un premier membre actif (APIDAE Tourisme), ne comptent pas s’arrêter à la création d’une plateforme de données sectorielles. L’idée est bien de travailler rapidement sur des cas d’usages concrets.
Un premier scénario aurait d’ailleurs vu le jour, celui d’un voyageur venant de Bruxelles qui souhaiterait se rendre à Paris pour les Jeux olympiques. Il prendrait ainsi un train Thalys ou SNCF, puis une fois arrivé il commanderait un VTC ou louerait un véhicule pour se rendre au Stade de France. Après avoir passé une nuit à l’hôtel, il poursuivrait sa visite du pays en se rendant à Marseille par exemple. Ce premier cas d’usage prendrait en compte toutes les variables liées aux conditions d’un voyage (perturbations, horaires) et aux besoins du voyageur (mobilité réduite, points d’Intérêts à l’arrivée).
Quels sont les défis à relever par EONA-X ?
Inciter au partage de données
L’initiative EONA-X est une mini-révolution intellectuelle, dans un monde où la possession d’informations exclusives était vue jusqu’à présent comme un avantage concurrentiel. Les acteurs de la mobilité, du transport et du tourisme devront sans doute aller au-delà de leurs intérêts particuliers pour travailler de concert au développement d’un écosystème. Y compris, pour certains, avec des concurrents.
Les futurs utilisateurs de la plateforme de données EONA-X devront également lutter contre la tentation de préempter les sujets couverts pour rester au service du marché et du voyageur.
Mettre en œuvre le cadre technique et juridique initié par GAIA-X
EONA-X se veut être le volet « opérationnel » d’une initiative GAIA-X qui est restée très conceptuelle et théorique.
L’idée ambitieuse de « super cloud européen » a fait long feu et s’oriente davantage vers un système en réseau qui relie de nombreux fournisseurs de services cloud. Les membres se sont malgré tout entendus sur un ensemble de grands principes (ouverture, transparence et confiance), de règles et de normes que les différentes initiatives sectorielles (dont EONA-X) devront respecter. Chaque entreprise utilisatrice pourra établir ses conditions de partage, en demandant par exemple la certification ISO 27001 sur la sécurité des systèmes d’information ou la conformité au RGPD sur la protection des données.
Cependant des incertitudes subsistent.
Une réflexion est notamment en cours sur les moyens de garantir la portabilité et la souveraineté des données partagées. Dans une interview accordée au média en ligne TOM, Luca Sarlo (Responsable adjoint de la Conformité d’EONA-X) indique notamment que « l’échange de données pourrait se faire via des smart contracts, sur une architecture data mesh ». Dans ce modèle, l’exécution du contrat serait assurée par un protocole informatique infalsifiable, hérité de la technologie blockchain. Luca Sarlo précise également que « chaque entité serait en charge de ses données, de leur mise à disposition et de leur mise à jour ». Les futures applications développées dans le cadre d’une coopération EONA-X iraient alors chercher directement les informations sur les systèmes de production des co-contractants.
Gérer l’influence des géants américains et asiatiques du web
La volonté première du projet GAIA-X (et à travers lui de l’initiative EONA-X) était de proposer une alternative européenne aux services cloud des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). Mais l’histoire récente a montré qu’il était souvent difficile de s’en passer, tant les entreprises européennes étaient habituées à travailler avec elles et que le niveau de fonctionnalités offert était élevé. Les membres d’EONA-X n’auront pas d’autres choix que de se mettre d’accord sur la position à tenir face à ces grands acteurs du numérique, devenus incontournables avec le temps, pour répondre aux enjeux de souveraineté des données.
EONA-X s’est donnée pour mission de concrétiser sur des cas d’usages tourisme – transport – mobilité les grands principes théorisés par le projet européen GAIA-X. L’ambition est de faciliter l’échange de données entre les acteurs du marché pour proposer aux voyageurs des solutions globales (ou une expérience unifiée) qui se développeraient en dehors des grands acteurs historiques du web. Pour y parvenir, les membres fondateurs et les utilisateurs d’EONA-X devront relever plusieurs défis : techniques et technologiques bien sûr, mais aussi culturels avec un changement de paradigme à opérer. Les acteurs (parfois concurrents) devront passer d’une vision centrique des bénéfices à un niveau écosystémique.
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