Environnement : comment l’aéroport se prépare-t-il un avenir vert ?
Alors que la Covid fait vivre à l’aérien une crise historique, l’aéroport maintient ses ambitions de réduire drastiquement son impact sur l’environnement. Objectif : atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.
Quelles sont les ambitions des aéroports pour l’environnement ?
Que retiendrons-nous de l’impact de la Covid-19 sur l’aéroport ? Sommes-nous devant un changement historique ou la verrons-nous demain comme un épisode de fortes turbulences entre deux ciels bleus ? Alors qu’en 2018 l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) prévoyait le doublement du trafic dans le monde sur 20 ans, la crise sanitaire a brutalement changé la donne. Le nombre de passagers s’est effondré de 66% en 2020 par rapport à 2019, soit « le plus gros choc que le secteur n’ait jamais vécu », selon Brian Pearce, économiste en chef chez IATA.
Côté aéroports, les projets d’avenir ne s’arrêtent pas pour autant. Et pour beaucoup, l’après-crise passe par la diminution de leur impact sur l’environnement. Mi-janvier 2021, 23 membres du réseau du Groupe ADP, dont TAV Airports, Liège Airports, Nuevo Pudahuel (Santiago du Chili) et Ravinala Airports (Madagascar) ont signé la charte « Airports for Trust », dans la perspective de construire une industrie aéroportuaire « encore plus durable et responsable ». Cette charte porte quatre grandes ambitions :
- Viser la neutralité carbone d’ici 2030, selon les standards du programme de certification de l’ACI (Airports Council International), à travers des opérations à impact zéro sur l’environnement
- Proposer côté piste des solutions à plus faible impact sur l’environnement, comme l’utilisation de carburants alternatifs ou le développement de l’avion à hydrogène ;
- Favoriser les circuits courts, encourager l’économie circulaire, promouvoir l’usage de ressources locales et la production d’énergie verte sur site ;
- Réduire l’empreinte sur l’environnement des bâtiments et des infrastructures aéroportuaires en privilégiant des projets d’aménagement et de rénovation bas carbone.
Qu’est-ce que le Green Deal européen pour des aéroports verts ?
L’Europe est aussi de la partie. La Commission Européenne a récemment débloqué près d’1 milliard d’euros dans le cadre de son programme Horizon 2020, afin de faire de l’Europe « le premier continent neutre sur le plan climatique » d’ici à 2050. Ce « Green Deal », qui bénéficiera au final d’un plan d’investissement de plusieurs centaines de milliards d’euros sur 10 ans, propose 11 axes de travail. L’un d’entre eux est celui de la mobilité durable et intelligente, avec l’aéroport vert (ou Green Airport) au premier plan.
Or qui dit « mobilité intelligente » dit « data ». Il n’est donc pas étonnant de voir une forte dimension digitale dans les projets présentés par les aéroports candidats au Green Deal. Les technologies les plus récentes sont par exemple de puissants outils de mesure. Des algorithmes peuvent identifier avec précision l’origine des principales sources de pollution, d’émission de gaz à effet de serre ou de consommation de carburant, et proposer des modèles visant à réduire l’impact environnemental des activités aéroportuaires.
L’aéroport vert passera aussi par des dispositifs qui optimiseront le déploiement des bornes de recharge électrique côté piste, la diminution des parcours des avions afin que leur consommation de carburant sur les aires de manœuvre soit la plus faible possible. Tous ces projets « data driven » (pilotés par la donnée) permettent d’avoir un impact mesurable et relativement rapide sur la baisse des gaz à effet de serre ou sur la biodiversité des territoires voisins.
Comment tendre vers un numérique responsable (Green IT) ?
L’usage privilégié du digital dans des projets RSE pose cependant la question de l’optimisation de sa propre empreinte environnementale. Les modèles de données obtiennent des résultats probants, dans de nombreux domaines, mais il ne faudrait pas que ces actions aient une consommation énergétique supérieure aux économies carbone réalisées. C’est tout l’enjeu du « Green IT ».
Comme en toute chose, il s’agit d’avoir une approche raisonnée et mesurée du digital. On parle ici d’éco-conception des projets IT, de numérique responsable, de sobriété numérique et de mutualisation des plateformes de données entre les acteurs aéroportuaires pour améliorer l’efficience énergétique des solutions mises en place. Cela demande également des infrastructures IT optimisées et une harmonisation des formats de données pour faciliter le partage d’information entre les parties prenantes. Il reste donc encore de nombreux chantiers à mener, mais en matière d’environnement le jeu en vaut largement la chandelle.
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