[Entretien] Grand Paris Express : du Wi-Fi et de l’internet des objets seront déployés dans le futur métro francilien
Le nouveau visage du métro parisien se dessine, avec une avancée technologique de taille : l'intégration d’un réseau Wifi et d’un réseau d’Internet des Objets LoRa sur les futures lignes 15, 16, 17 et 18, ainsi que sur l'extension de la ligne 14. Découvrez dans cette interview exclusive avec Marie-Christine Servant, Responsable numérique de la Société du Grand Paris, la stratégie déployée sur le Grand Paris Express. Apprenez comment cette couverture radio sera mise en œuvre, pourquoi la coexistence du Wifi et de la 5G est essentielle, et comment les défis de pérennité et d'évolution technologique sont relevés dans cet environnement en constante mutation.
- Les futures lignes de métro parisien 15, 16, 17 et 18, ainsi que l’extension de la ligne 14, bénéficieront du Wi-Fi et du LoRa (Internet des Objets). En quoi cette couverture radio était-elle importante pour la Société du Grand Paris ?
- Quelle a été votre réflexion sur l’adoption de la technologie Wi-Fi ?
- La couverture radio (Wi-Fi et LoRa) sera-t-elle la même sur toutes les lignes du Grand Paris Express ?
- Quelles sont justement les contraintes dont il faut tenir compte pour le déploiement du Wi-Fi et du Lora en rame et en gare ?
Les futures lignes de métro parisien 15, 16, 17 et 18, ainsi que l’extension de la ligne 14, bénéficieront du Wi-Fi et du LoRa (Internet des Objets). En quoi cette couverture radio était-elle importante pour la Société du Grand Paris ?
Marie-Christine Servant. La couverture radio des rames et des gares est devenue un standard des réseaux de transport les plus modernes. Lorsque nous avons entamé notre réflexion sur les futures lignes du métro Grand Paris Express , nous avons réalisé une étude de benchmark sur plus de 40 métros dans le monde, existants ou à venir : Séoul, Shanghai, Wuhan, Mexico City… Dans les ¾ des cas, les métros ou les projets présentaient une couverture cellulaire (4G ou 5G) qui coexistait avec le Wi-Fi . Il nous est apparu important, pour construire le métro de demain, de tenir compte des niveaux de service offerts aux voyageurs par les réseaux de transport des grandes capitales internationales.
Quelle a été votre réflexion sur l’adoption de la technologie Wi-Fi ?
M.-Ch. S. Nous avons fait en sorte que les voyageurs puissent accéder en premier lieu à la téléphonie mobile 5G sur toutes les lignes. Pour cela, la SGP a mis en place des conventions d’occupation avec des opérateurs en charge sur chacune des lignes de mettre en place des infrastructures cellulaires mutualisées. Puis la question du Wi-Fi s’est effectivement posée, avec derrière plusieurs problématiques :
- Y a-t-il un réel intérêt à faire cohabiter Wi-Fi et 5G ?
La réponse est oui, pour plusieurs raisons. Les deux technologies ne ciblent potentiellement pas les mêmes populations. Même si en France, nous avons la culture du forfait mobile, la proposition d’un accès internet gratuit via le Wi-Fi est un acte d’intérêt sociétal. Pour les voyageurs extra-communautaires, l’usage du Wi-Fi permet de bénéficier de services data à moindres coûts, grâce aux accords d’itinérance (ou « roaming »). Le Wi-Fi permet aussi, sous réserve que les utilisateurs aient accepté les modalités de connexion, d’obtenir des informations sur leur géolocalisation. Cela offre la possibilité aux acteurs locaux de pousser du contenu pertinent : de l’actualité touristique et culturelle par exemple, de l’actualité commerciale, etc.
- Quelle est la pérennité du Wi-Fi ?
Depuis une dizaine d’années, on annonce régulièrement la mort du Wi-Fi. Pourtant cette technologie est toujours là, bien installée dans les foyers, dans les lieux publics et dans les entreprises. La nouvelle norme Wi-Fi 6 (IEEE 802.11ax), ratifiée en 2021, promet d’ailleurs des débits théoriques de 10 Gbit/s, une meilleure prise en charge des zones surchargées en utilisateurs et une plus grande sécurité des données. Et il est probable qu’il y aura dans les années à venir un Wi-Fi 7 encore plus performant.
- Comment peut-on garantir les évolutions technologiques dans un environnement soumis aux procédures de commandes publiques ?
Le temps de la commande publique et du transport n’est pas le même que celui des nouvelles technologies. Pour lancer et attribuer le moindre appel d’offres, il faut compter 18 mois à deux ans. C’est extrêmement long par rapport au cycle de vie des technologies de l’information et de la communication . Nous avons donc opté pour un modèle concessif, à la fois sur le Wi-Fi et sur « toute autre fréquence d’usage libre », afin de couvrir des champs d’avenir comme l’Internet des Objets (IoT). Autrement dit, nous confions une concession à un opérateur, en l’occurrence Hub One. Charge à lui ensuite de gérer les évolutions technologiques comme il le souhaite, de développer des offres et trouver le bon modèle économique pour pérenniser le service aux voyageurs. À ce titre, nous autorisons le concessionnaire à générer des revenus annexes, à travers la valorisation d’espaces publicitaires en ligne, la vente de bande passante dédiée ou la mise en place d’accords commerciaux avec des opérateurs étrangers.
La couverture radio (Wi-Fi et LoRa) sera-t-elle la même sur toutes les lignes du Grand Paris Express ?
M.-Ch. S. C’est tout l’intérêt de passer par un seul et même concessionnaire. Celui-ci va devoir s’adapter au marché, et à son environnement, pour satisfaire les attentes des presque trois millions de voyageurs du futur Grand Paris Express, mais aussi les besoins des professionnels à proximité des gares. Sur les lignes 15, 16, 17 et 18 du métro, une couverture radio est prévue dans les rames comme dans les gares dans les zones de passage des voyageurs. Sur la ligne 14 pré-existante, dont les trains circulent depuis les années 90, la couverture Wi-Fi ne concernera que les nouvelles gares de l’extension de ligne qui ouvriront d’ici les JO de 2024.
Quelles sont justement les contraintes dont il faut tenir compte pour le déploiement du Wi-Fi et du Lora en rame et en gare ?
M.-Ch. S. Les futures lignes de métro du Grand Paris Express étant automatiques, il faudra faire cohabiter plusieurs infrastructures radio. Les couvertures sans fil (Wi-Fi et Lora) dévolues aux usages des voyageurs ou des entreprises de l’écosystème ne devront en aucun cas perturber le bon fonctionnement des autres technologies, telles que le système de contrôle automatique du trafic ferroviaire (CBTC ou « Communication Based Train Control ») par exemple, qui permet au train de communiquer en temps réel avec les ordinateurs chargés de réguler le trafic, ou encore la radio exploitant. La sécurité du métro en dépend.
Par ailleurs, la construction du Grand Paris Express est un projet très complexe, le déploiement des équipements doit donc s’intégrer dans des processus de chantier aux contraintes multiples.
Une fois les réseaux installés, il sera nécessaire que l’exploitation des équipements Wi-Fi et LoRa soit compatible avec les processus d’exploitation et de maintenance des gares et des trains …